27 septembre 2025
Formé à l’École des Beaux-Arts de Paris dès 1865, Oscar Roty y fréquente trois ateliers successifs, guidé par son tempérament curieux et exigeant. Ses maîtres principaux sont Augustin-Alexandre Dumont et François Jouffroy, deux figures du néoclassicisme français, dont l’impact dépasse le strict cadre du dessin académique.
C’est dans cet environnement que Roty s’initie aux règles d’une composition structurée, mais aussi aux libertés qu’offre l’interprétation artistique. Il découvre les valeurs que la médaille partage avec la sculpture : expressivité des profils, importance du relief, et dialogue entre lumière et surfaces polies ou mates.
Mais c’est son passage en 1871 dans l’atelier de Hubert Ponscarme (1827-1903) qui va profondément bouleverser son rapport à la médaille. Ponscarme, pionnier du renouveau médallistique, prône une rupture totale avec le style pompier hérité du Second Empire.
En 1875, Roty dédie à Ponscarme une de ses médailles de lauréat du Prix de Rome, saluant son influence déterminante. Plusieurs sources, dont l’ouvrage La médaille en France aux XIXe et XXe siècles de Monnaies et Médailles S.A., confirment que beaucoup d’élèves de cette génération, Roty en tête, doivent à Ponscarme d’avoir osé bousculer la tradition.
En filigrane de cette formation, Roty nourrit une passion profonde pour les médailles italiennes du Quattrocento – et singulièrement celles de Pisanello (1395-1455).
De même, le romantisme de la première moitié du XIXe siècle aura son importance. Non pas tant par la forme, mais par l’état d’esprit : la médaille, chez Roty, n’est jamais seulement un objet, mais la trace d’un sentiment, une évocation, comme chez David d’Angers (1788–1856). Ce dernier, « poète du bronze », avait renouvelé la médaille en multipliant les portraits d’intellectuels et d’artistes – ce que Roty accomplira à sa manière plus tard avec Emile Zola, Sarah Bernhardt ou même la Semeuse, allégorie anonyme mais universelle.
Roty grandit dans un milieu aisé mais discret, où l’appréciation des arts fait partie de la culture domestique. Son père, Jean-Baptiste Roty, n’est pas artiste, mais il encourage vivement la vocation dessinée du jeune Oscar.
Les années de pension à l’École des Beaux-Arts et le séjour à la Villa Médicis à Rome sont de véritables creusets d’échanges intellectuels. Plusieurs compagnons d’atelier ont joué un rôle stimulant auprès du jeune Roty :
Ce climat d’émulation, souvent retrouvé dans les mémoires d’anciens pensionnaires de la Villa Médicis de ces années, est tel qu’on parle d’« esprit de ruche artistique » dans certains articles spécialisés (Revue des Médailles, 1997).
Roty est marqué par sa participation dès 1869 au Salon officiel, où il découvre les œuvres de contemporains :
Entre 1871 et 1875, Roty remporte plusieurs distinctions, dont le Grand Prix de Rome pour une médaille sur le thème de « La République » : l’occasion de faire dialoguer influences italiennes, rigueur française et élans modernes.
L’œuvre de jeunesse de Roty n’est pas seulement tributaire d’une école ou d’un maître. Elle est le fruit d’un brassage. Son style, tour à tour épique ou intimiste, révèle une capacité singulière à hybrider ses modèles. Parmi les caractéristiques issues de ses influences, on retient :
Un exemple fameux reste la médaille dite de « La République » (1875), où Roty insère sa Marianne dans un décor naturel allégorique, héritage direct de la poésie de Ponscarme, du modelé à la française et du sens symbolique emprunté à la Renaissance italienne. Plus tard, la Semeuse, commandée par Oscar Wilde (anecdote souvent racontée lors des expositions, mais sans preuve tangible), magnifie ce sillage tout en y ajoutant une modernité propre à la Belle Époque.
Sur les Traces d’Oscar Roty, explorer ses influences, c’est redécouvrir la formation d’une vision artistique en constante élaboration. Le jeune Roty s’appuie sur un faisceau d’expériences et de rencontres pour forger un langage esthétique personnel. Ce balancement entre admiration des maîtres et appropriation des temps nouveaux explique pourquoi, à sa suite, tant de médailleurs – de Henri Dropsy à Pierre Turin – se sont référés à la « méthode Roty » : puiser dans plusieurs héritages pour mieux inventer sa propre lumière.
Plus qu’une généalogie fixe, l’influence sur Oscar Roty est celle d’un réseau vivant d’artistes, de critiques et d’amitiés, où la curiosité reste le plus beau des moteurs. À la façon d’un passeur, il poursuit aujourd’hui encore ce dialogue silencieux entre les siècles, invitant l’observateur à ouvrir, à son tour, l’œil sur les détails cachés de l’histoire de l’art.
Sources principales :
22/09/2025
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